Faire confiance à l’intelligence de l’élève

On publie des « perles » des copies de bac, de manière ironique, histoire d’épingler les torts des élèves (manque de travail, de réflexion, de bons sens, etc) ; c’est toujours aussi amusant, mais il y a là-dedans des restes de cette condescendance professorale qui présuppose – sans jamais le formuler directement- que l’élève est inférieur au maître.

Il ne l’est pourtant pas. Philosophiquement, personne ne peut se prévaloir (sauf des critères évalués par lui-même) d’une quelconque supériorité sur autrui, fût-il plus jeune, ou moins savant sur tel ou tel point. La seule chose qui existe, c’est un dispositif d’enseignement dont l’efficacité – pour l’élève – implique qu’il accepte de suivre les conseils du maître. Et le maître ferait bien de se prémunir lui-même de présupposer que son élève est idiot, parce que c’est blessant et surtout parce que c’est faux. Au pire, il peut poser, si son élève dit ou écrit une énormité, qu’il n’a pas travaillé, problème dans lequel il a peut-être aussi sa part de responsabilité : peut-être aurait-il travaillé s’il avait su lui en donner le désir ?
Pour peu que l’enseignant fasse confiance à l’intelligence de son élève, il en fera jaillir des merveilles. Si l’élève ne perçoit pas cette confiance, à cause de la fermeture de son prof, il se transformera en âne ou en perroquet. Une élève m’a dit un jour que la « rivière » du premier vers du Dormeur du val était peut-être une image du sang du soldat ; un autre m’a démontré qu’il y avait une forme de paresse dans le stoïcisme.. Ça, ce sont des perles !

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