En classe de Terminale, le cours de philosophie est un cours magistral organisé autour de notions : le désir, le travail, la société, la vérité etc. Quand il le souhaite, le professeur peut à la limite organiser des « débats » en classe autour de ces notions pour impliquer ses élèves, mais le travail de réflexion de chaque élève se limite à son écoute en classe et aux devoirs notés qu’il doit faire.
L’avantage de donner un cours de philo à un seul élève permet de renouer pleinement avec la tradition socratique de « l’accouchement » de la pensée. Il est aisé, dans le cadre du dialogue entre professeur et élève (au singulier) d’amener, par questions successives, comme le faisait le père de la philosophie, son interlocuteur à penser, à avancer par lui-même dans la découverte d’un concept, dans la production d’une opinion, dans la remise en cause d’une idée. C’est un exercice à la fois stimulant et efficace.
D’un point de vue pédagogique, cette méthode vaut cent fois l’écoute passive au milieu d’un groupe. Car il faut que l’apprenti philosophe s’approprie le concept, à sa vitesse et selon son expérience, et rien de tel que le dialogue pour cela. Cela n’empêche pas de lire les textes et de noter les citations, mais tout se passe depuis le cerveau de l’élève (si je puis dire), et non uniquement depuis sa main recopiant de belles phrases écrites au tableau. Le pédagogue peut ainsi s’assurer à chaque pas que son élève a compris, il peut le sentir, l’éprouver, et le guider d’une main sûre vers l’assimilation d’idées parfois ardues.
Je suppose que l’Éducation nationale ne peut encore se payer le luxe de ce type de maïeutique individualisée… C’est fort dommage. Dans le cadre de mes cours individualisés de philo à Nantes, j’ai à cœur d’appliquer cette méthode pour aider l’élève à produire une pensée personnelle, en m’appuyant et en me calant sur le programme national, que je trouve très complet. Mais en cours particulier, nulle passivité, et personne ne risque de rater le train, puisqu’à tout moment, en questionnant mon élève, je peux m’assurer qu’il a bien compris, et je ne continue qu’à cette condition; sinon, je reprends tranquillement avec lui. Je le guide, à son rythme, sur ces chemins de haute montagne que sont les grands concepts philosophiques.