Le bac ne vaut-il plus rien?

Il est devenu de bon ton, en particulier pendant ces périodes d’examens, de dire du bac qu’il n’a plus aucune valeur, tout en le faisant quand même passer à ses enfants en leur disant que ce sera encore pire s’ils ne l’ont pas.

Mais tous les arguments qui sont avancés pour démolir cette institution bicentenaire (sous sa forme actuelle mais le diplôme remonte au Moyen Âge) sont d’ordre professionnel, et rarement d’ordre intellectuel.

En gros, on ne jauge le bac qu’à son adéquation au monde du travail, et non à sa valeur intrinsèque de connaissances. Mais ne ferait-on pas mieux d’aligner le monde du travail sur le monde du savoir que le monde du savoir sur le monde du travail?

Il y aurait une critique plus profonde du bac qui pourrait être formulée par Paul Valéry dans son texte: Le diplôme, ennemi mortel de la culture, qui remettrait en cause jusqu’au principe même de tout contrôle. Cet argument-là (on ne fait qu’emprunter des connaissances pour passer le contrôle) pourrait être entendu, même s’il faudrait le tempérer par la nécessité des évaluations dans un parcours de connaissances.

Au milieu de toutes ces critiques, on ne voit et ne parle pas d’une chose qui me paraît pourtant loin d’être négligeable: malgré tous ses défauts, la généralisation du bac a fait monter le niveau de connaissances générales de la population.

A mes yeux, le bac reste tout de même un bastion, imparfait mais réel, du savoir, et si je prends un compas, en place une pointe en 2015 et l’autre en 1815 parmi la population globale des adolescents de 18 ans, je vois pour ma part un progrès considérable.

Rappelons que l’étymologie du mot « baccalauréat » renvoie à la couronne de lauriers destinée à tout « jeune homme aspirant à être chevalier ».

N’est-ce pas là un plus noble programme que celui de se conformer aux « grilles de compétences » des recruteurs?

mardi 23 juin 2015

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