La pédagogie est une question « cinétique ». (Ou : À quoi servent les notes ?)

Ce qu’un élève accomplit à un instant t n’a pas vraiment de valeur en soi : ce qui signifie quelque chose, c’est l’écart positif entre ce qu’il accomplit à un moment t et ce qu’il a accompli à t-1.
Puis, en comparaison avec cet écart, plus simplement appelée « progression », l’écart qu’on peut espérer et préparer pour t+1.

La question qui intéresse un bon professeur n’est pas tant :
D’où cet élève part-il ? (même si c’est une information qu’il doit connaître)
Que : jusqu’où puis-je, avec les moyens que j’ai, l’emmener ?

À ce titre les évaluations (notes et/ou appréciations) sont bien sûr nécessaires, mais elles ne doivent pas, comme c’est malheureusement souvent le cas, être formulées comme des sanctions morales, parce qu’alors elles pourraient être la cause d’une perturbation, voire d’une rupture de ce mouvement, de cette cinétique dont je pense qu’elle est l’essence même de la pédagogie. Elles ne doivent ni essentialiser ni enfermer l’élève dans une case qui serait censée refléter son « niveau » : ce type de notes ressemblent davantage à des clous qu’à autre chose, qui figent l’élève dans son parcours.

Les évaluations doivent plutôt être vues comme des repères, n’ayant de sens que les uns par rapport aux autres, permettant d’analyser et de corriger la trajectoire de progrès t-2, t-1, t, t+1, etc. Toute évaluation qui serait coupée d’une trajectoire, qui serait -pour ainsi dire- isolée d’un ensemble d’autres mesures, n’aurait qu’une valeur illusoire et potentiellement contre-productive.

mardi 11 octobre 2022

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