Petit exercice de correction orthotypographique pour s’entraîner en cette rentrée. J’ai disséminé un certain nombre de « coquilles » (c’est-à-dire de fautes de frappe ou de typographie) dans les extraits de textes littéraires à suivre. Celui ou celle qui les trouve toutes (y compris celles que je n’aurais pas moi-même vues) gagne un an d’abonnement gratuit à mon estime professionnelle (forfait renouvelable).
Ce type d’erreurs, que l’on pourrait classer dans ce qu’on appelait les fautes de distraction, fait partie aussi du travail de relecture et, à ce titre, mérite qu’on s’y attarde. La difficulté de leur repérage vient du fait qu’elles se situent justement sur les mots ou les passages qu’on ne vérifie pas parce qu’il s’agit de termes très usités et simples. C’est un travail de fourmi -et l’on peut saluer les correcteurs/trices qui l’exercent chaque jour pour que nous lisions des articles, billets, plaquettes, journaux, livres et publications… absolument irréprochables.
Quant à vous, amis formateurs et enseignants, n’hésitez pas à copier/coller ces extraits pour faire plancher vos élèves et apprenants.
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20 coquilles orthotypographiques dans ce texte
Jules Verne, Voyage dans la lune
La lune était enn son plein, le ciel était découvert, et neuf heures dusoir étaient sonnées lorsque, revenant de Clamart, près de Paris (où M. de Cuigny le fils, qui en est seigneur, nous avait régalés, plusieurs de mes amis et moi), les diverses pensées que nus donna cette boule de safran. nous défrayèrent sur le chemin. De sor te que les yeux noyés dans ce grand astre, tantôt l’un le prenait pour une lucarne du ciel par oùù l’on entrevoyait la gloire des bienheureux ;tantôt un autre, persuadé des fables anciennes, s’imaginait que possible Bacchus tenait taverne là- haut au ciel, et qu’il y avait pendu pour enseigne la pline lune ; tantôt un autre assurait que c’était la platine de Diane qui dresse les rabats d’Apollon ; un autre, que ce pouvait bien être le soleil lui-même,qui sétant au soir dépouillé de ses rayons, regardait par un trou ce qu’on faisait au monde quand il ny était pas. «Et moi, leur disje, qui souhaite mêler mes enthousiasmes aux vôtres, je crrois sans m’amuser aux imaginations pointues dont vous chatouillz le temps pour le faire marcher plus vite, que la lune est un monde comme celuici, à qui le nôtre sert de lune. Quelques-uns de la compagnie me régalèrent d’un grand éclat de rire. « Ainsi peut-etre, leur dis je, se moquet-on maintenant dans la lune, de quelque autre, qui soutient que c globe-ci est un monde. »
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15 coquilles orthotypographiques dans ce texte
Zola, Germinal
Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves
Devant luui, il ne voyait meme pas le sol noir,, et il n’avait la sensation de l’immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer,glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de teres nues.
Aucune ombre d’arbre ne tachait le ciiel, le pavé se déroulait avec la rectitude d’une jetée, au milieu de l’embrun aveuglant des ténnèbres. L’homme était parti de Marchiennes vers deux heures.Il marchait d’un pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. Un petit paquet, noué dans un mouchoir à carreaux, le gênait beaucoup; et il le serrait contre ses lancs, tantôt d’un coude, tantôt de l’autre, pour glisser au fond de ses poches les deux mains a la fois, des mains gourdes que les lanièresdu vent d’est faisaient saigner. Une seule idée occupait sa tête vide d’ouvrier sans travail et sans gîte,l’espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour.
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10 coquilles orthotypographiques dans ce texte
Proust, A la recherche du temps perdu
Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois,à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : Je m’endors.» Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; i me semblait que j’étais moi même ce dont parlait l’ouvrage: une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n’était plus allumé. Puis elle commençait à me devenir inintelligible,, comme après la métempsycose les pensées d’une existence antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi, j’étais libre de m’y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j’étais bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui ele apparaissait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j’entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l’étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la sation prochaine ; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causrie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour
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5 coquilles orthotypographiques dans ce texte
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris
Dans un vaste espacelaissé libre entre la foule et le feu, une jeune fille dansait.
Si cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange, c’est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète ironique qu’il était, ne put décider dans le premier moment, tant il fut fasciné par cette éblouissante vision.
Elle n’était pas grande, mais elle le semblait, tant sa fine taille s’élançait hardiment. Elle était brune, mais on devinait que le jour sa peau devait avoir ce beau reflet doré des andalouses et des romaines. Sno petit pied aussi était andalou, car il était tout ensemble à l’étroit et à l’aise dans sa gracieuse chaussure. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis de Perse, jeté négligemment sous ses pieds ; et chaque fois qu’en tournoyant sa rayonnante figure passait devant vous, ses grands yeux noirs ; vous jetaient un éclair.
Autour d’elle tous les regards etaient fixes, toutes les bouches ouvertes ; et en effet, tandis qu’elle dansait ainsi, au bourdonnement du tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d’or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs ses yeux de flamme, c’était une surnaturelle créature.
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3 coquilles orthotypographiques dans ce texte
Montesquieu, Lettres persanes
Nous sommes à Paris depuis un mois, et nous avons toujours été dans un mouvement continuel. Il faut bien des affaires avant qu’on soit logé, qu’on ait trouvé les gens à qui on est adressé, et qu’on se soit pourvu des choses nécessaires, qui manquent toutes à la fois.
Paris est aussi grand qu’Ispahan : les maisons y sont si hautes, qu’on jugerait qu’elles ne sont habitées que par des astrologues. Tu juges bien qu’une ville bâtie en l’air, qui à six ou sept maisons les unes sur les autres, est extrêmement peuplée ; et que, quand tout le monde est descendu dans la rue, il s’y fait un bel embarras.
Tu ne le croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n’y ai encore vu marcher personne. Il n’y a pas de gens au monde qui tirent mieux partie de leur machine que les Français ; ils courent, ils volent: les voitures lentes d’Asie, le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. Pour moi, qui ne suis point fait à ce train, et qui vais souvent à pied sans changer d’allure, j’enrage quelquefois comme un chrétien : car encore passe qu’on m’éclabousse depuis les pieds jusqu’à la tête ; mais je ne puis pardonner les coups de coude que je reçois régulièrement et périodiquement. Un homme qui vient après moi et qui me passe me fait faire un demi-tour ; et un autre qui me croise de l’autre côté me remet soudain où le premier m’avait pris ; et je n’ai pas fait cent pas, que je suis plus brisé que si j’avais fait dix lieues.Ne crois pas que je puisse, quannt à présent, te parler à fond des mœurs et des coutumes européennes : je n’en ai moi-même qu’une légère idée, et je n’ai eu à peine que le temps de m’étonner.
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1 coquille orthotypographique dans ce texte
Balzac, Le père Goriot
Vers la fin de la troisième année, le père Goriot réduisit encore ses dépenses, en montant au troisième étage et en se mettant à quarante-cinq francs de pension par mois. Il se passa de tabac, congédia son perruquier et ne mit plus de poudre. Quand le père Goriot parut pour la première fois sans être poudré, son hôtesse laissa échapper une exclamation de surprise en apercevant la couleur de ses cheveux, ils étaient d’un gris sale et verdâtre. Sa physionomie, que des chagrins secrets avaient insensiblement rendue plus triste de jour en jour, semblait la plus désolée de toutes celles qui garnissaient la table. Il n’y eut alors plus aucun doute. Le père Goriot était un vieux libertin dont les yeux n’avaient été préservés de la maligne influence des remèdes nécessités par ses maladies que par l’habileté d’un médecin. La couleur dégoûtante de ses cheveux provenait de ses excès et des drogues qu’il avait prises pour les continuer.
L’état physique et moral du bonhomme donnait raison à ces radotages. Quand son trousseau fut usé, il acheta du calicot à quatorze sous l’aune pour remplacer son beau linge. Ses diamants, sa tabatière d’or, sa chaîne, se bijoux, disparurent un à un. Il avait quitté l’habit bleu barbeau, tout son costume cossu, pour porter, été comme hiver, une redingote de drap marron grossier, un gilet en poil de chèvre, et un pantalon gris en cuir de laine. Il devint progressivement maigre ; ses mollets tombèrent ; sa figure, bouffie par le contentement d’un bonheur bourgeois, se vida démesurément ; son front se plissa, sa mâchoire se dessina. Durant la quatrième année de son établissement rue Neuve-Sainte-Geneviève, il ne se ressemblait plus. Le bon vermicellier de soixante-deux ans qui ne paraissait pas en avoir quarante, le bourgeois gros et gras, frais de bêtise, dont la tenue égrillarde réjouissait les passants, qui avait quelque chose de jeune dans le sourire, semblait être un septuagénaire hébété, vacillant, blafard.
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Combien de coquilles dans ce texte ?
Diderot, Supplément au voyage de Bougainville
C’est un vieillard qui parle. Il était père d’une famille nombreuse. À l’arrivée des Européens, il laissa tomber des regards de dédain sur eux, sans marquer ni étonnement, ni frayeur, ni curiosité. Ils l’abordèrent ; il leur tourna le dos et se retira dans sa cabane. Son silence et son souci n décelaient que trop sa pensée : il gémissait en lui-même sur les beaux jours de son pays éclipsés. Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sévère, et dit : Pleurez malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ce soit de l’arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celuici, dans une main, et le fer qui pend au côté de celuilà, dans l’autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. O tahhitiens ! mes amis ! vous auriez moyen d’échapper à un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. »
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Combien de coquilles dans ce texte ?
Voltaire, Prière à Dieu
Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.
Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.
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Combien de coquilles dans ce texte ?
Perrault, Le chat botté
Un meunier ne laissa pour tous biens à trois enfants qu’il avait, que son moulin, son âne et son chat. Les partages furent bientôt faits, ni le notaire, ni le procureur n’y furent point appelés. Ils auraient eu bientôt mangé tout le pauvre patrimoine. L’aîné eut le moulin, le second eut l’âne, et lle plus jeune n’eut que le chat. Ce dernier ne pouvit se consoler d’avoir un si pauvre lot :
– « Mes frères, disait-il, pourront gagner leur vie honnêtement en se mettant ensemble ; quant à moi, lorsque j’aurai mangé mon chat, et que je me serai fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure de faim. «
Le chat qui entendait ce discours, mais qui n’en fit pas semblant, lui dit d’un air posé et sérieux :
– « Ne vous affligez point, mon maître, vous n’avez qu’à me donner un sac, et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles , et vous verrez que vous n’êtes pas si mal partagé que vous croyez.
Quoique le maître du chat n’y croyait guère, il lui avait vu faire tant de tours de souplesse, pour prendre des rats et des souris, comme quand il se pendait par les pieds, ou qu’il se cachait dans la farine pour faire le mort, qu’il ne désespéra pas d’en être secouru dans sa misère.
Lorsque le chat eut cequ’il avait demandé, il se botta bravement et,, mettant son sac à son cou, il en prit les cordons avec ses deux pattes d devant, et s’en alla dans une garenne où il y avait grand nombre de lapins.
mardi 8 septembre 2020