Personnellement, je pense n’avoir bien appris (efficacement, intuitivement et durablement) que quand je me suis senti libre.
Petit exemple : en ce moment, je suis en train de me passionner de physique à travers le très bon livre de Brian Greene, L’univers élégant : c’est assez ardu mais j’y prends du plaisir; mais je me rappelle en même temps que j’ai eu des cours au lycée sur ce sujet, et que je devais lutter pour ne pas m’endormir !
Quelle est la différence entre les deux situations, puisqu’il s’agit pourtant exactement du même contenu ?
La différence est que, dans le cas présent, je n’ai aucune obligation de m’intéresser à ce sujet, j’ai eu cette envie, en tombant par hasard sur un documentaire à la télé sur la théorie des supercordes, et je me rends compte que je retiens très bien ce que je lis, et que mes capacités d’effort et de concentration sont démultipliées par rapport à ces interminables heures de cours, cours auxquels je n’assistais pas pour leur contenu mais pour l’obtention obligatoire d’un diplôme ou la garantie du passage dans la classe supérieure (l’autorisation, la « douane »).
Et les exemples de ce type ne manqueraient pas: tout est dit dans l’utopie de Thélèmes. Les systèmes d’éducation ne doivent plus faire l’économie de cette évidence. Je connais le contre-argument : si on ne posait pas de cadre, et sans un minimum d’obligation, les enfants n’apprendraient jamais rien. Cette objection est valable et tend même à se confirmer dans les résultats mitigés des établissements expérimentaux.
Pour autant, il ne faut pas abandonner cette idée en or (de la liberté comme outil pédagogique supérieur) et continuer à en chercher un mode d’application, sans doute pas au premier degré comme on l’a fait. Il faut quitter la rhétorique binaire : liberté mais inefficacité / contrainte mais efficacité. Peut-être que la liberté peut, en cette matière, s’organiser.