« Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière », écrivait Flaubert. On aurait là l’épigraphe idéale, en page de garde, d’un recueil de haïkus -ces éclats de conscience. Nul besoin donc de vous refaire la fiche Wikipedia de ces poèmes minimalistes, parfois lyriques, parfois purement descriptifs, tantôt drôles, tantôt philosophiques, toujours subtils, je vous en donne seulement dix à lire -ils se suffiront à eux-mêmes, car :
Sous la pluie d’été
Raccourcissent
Les pattes du héron.
Matsuo Bashõ
Quand souffle le vent du nord
Les feuilles mortes
Fraternisent au sud.
Yosa Buson
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Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
L’eau limpide
Ni dedans
Ni dehors.
Ida Dakotsu
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Sans souffle d’amour
je suis voilier sans vent
sur mes eaux stagnantes
Inconnu
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Le voleur parti
N’a oublié qu’une chose,
La lune à la fenêtre.
Yotsuya Ryu
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Dénigrer autrui ?
Je me lave l’esprit
En écossant mes pois.
Nakatsuka Ippekiro
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Dans le vieil étang
Une grenouille saute
Un ploc dans l’eau.
Matsuo Bashõ
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Le liseron du soir –
La peau d’une femme
Au moment où elle se découvre.
Ida Dakotsu
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ta sagesse
hermétique
ô tortue !
Francis Ponge
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mardi 26 mars 2019
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