La poésie, grande absente

Même parmi les lecteurs les plus ouverts d’esprit de ma connaissance, il s’en trouve peu qui lisent vraiment de la poésie. C’est dire si, dans le peuple des lecteurs, et dans le peuple en général, la lecture de la poésie doit être un événement rare.
La poésie représente pourtant la quintessence d’une langue, une expérience intellectuelle subtile, et souvent une expérience émotionnelle également. Nul besoin d’essayer de prouver qu’il y a en elle des trésors sans prix, loin de la trivialité, voire de la médiocrité du quotidien. Est-ce parce qu’elle est aussi belle qu’elle est ignorée?
Parce que, concrètement, il n’y a que les adolescents qui lisent des poésies, et il s’agit d’une lecture obligatoire et par défaut, puisqu’elle est imposée par leurs profs de français.
En dehors de cette exception, et de quelques amoureux isolés, tout le monde parle d’elle, mais personne ne la fréquente.
Les noms de nos poètes sont sur toutes les bouches, dans les jeux télé, dans les contrôles sur table, dans les rayonnages de nos belles bibliothèques Ikéa, et servent à désigner des places, des rues et des étages de parkings. Leurs « ailes de géant » ne nous effleurent pas, nous n’avons pas le temps, leurs voix sont inaudibles et trop discrètes, couvertes par le bruit des machines et la rengaine des infos, leurs mots dédaignés.

mardi 11 novembre 2014

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