Le stress au bac : à qui la faute ?

De quoi exactement le stress au bac est-il le nom ?

J’ai appris dernièrement qu’il existait des « agences de prise de confiance en soi », qui conseillaient à des candidats bacheliers stressés de « se mettre dans un mental de gagnant » et en même temps « de ne pas le prendre pour soi si on rate », ce qui, quand on y songe, est une sorte de double bind. Pratique de l’hypnose, concoction de mixtures énergétiques… encore un pas et on est chez le pharmacien ! Encore un autre pas et on est dans un mauvais film d’anticipation, représentant un avenir dystopique : prends une pilule rose, jeune élève, et tout ira bien…

Quelques remarques et pistes de réflexion
Malheureusement, le sujet du stress aux examens est globalement traité par les familles, les enseignants, et les médecins parfois… comme un problème individuel. Si un élève est stressé avant un examen, c’est que c’est lui qui a un « problème » : mot dont raffolent tous les gens qui ont des conseils à donner contre rétribution.

Et si ce n’était pas votre enfant qui avait un problème mais le système dans lequel vous le mettez sans aucun esprit critique ? Et si son stress était une malheureuse réaction de santé par rapport à une anomalie sociétale ?

Selon moi, ce stress exprime aussi d’autres choses :
l’arbitraire de l’épreuve unique, malgré tout ce qu’on peut brasser comme air au sujet du travail personnel ;
– plus profondément la peur d’être exclu plus ou moins provisoirement d’un système, d’une société où ses semblables (ses propres frères et sœurs, ses propres amis et amies…) ont pu ou pourront entrer.

Cessons donc de tout psychologiser, et de (re)jeter la pierre de son stress, de son « problème de stress » à l’élève lui-même.

Quand on y regarde de plus près, rien de vraiment sérieux ne légitime cette anxiété que notre système éducatif crée de toutes pièces chez nos enfants. Leur niveau pourrait être évalué de manière continue, sans avoir à tout jouer sur un coup de dés, le D Day. (Que dire des concours, qui portent cette loterie jusqu’à la cruauté ?) Quant à l’esprit de compétition, reste-t-il des esprits qui n’ont pas encore été empoisonnés par cette toxine ? Sans tomber dans des exagérations orwelliennes, nous pouvons dire qu’il existe, non quelque obscure tyrannie complotée par des « élites », mais une oppression sociale, un chantage tacite à la réussite qui est la cause principale de cette anxiété.

Le stress de l’élève n’est donc pas tant une question psychologique qu’une question pédagogique et sociétale, pas tant une question individuelle qu’une question interindividuelle, qui remet en cause les programmes, les structures d’évaluation, et au-delà de ça, les présupposés d’une société trop compétitive, qui fait 3 heureux pour 27 malheureux !

 

mardi 14 juin 2016

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